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Elections présidentielles 2017: la grande énigme

Le printemps est là, on vient de changer d’heure, les oiseaux gazouillent, les primevères décorent les prés – et qu’est-ce qui arrive cette année avec le printemps ? Les élections françaises, bien sûr ! Je dois dire que j’ai repoussé tant que j’ai pu le moment du gros pari : qui sera l’heureux ( ?) élu ? L’astrologie offre cette opportunité enivrante de jeter un œil dans le futur, elle nous fait apercevoir les ombres mouvantes de l’avenir, comment résister à la tentation de prédire l’issue de ce qui occupe les esprits de tout un chacun dans le monde francophone ? Mais avant de nous laisser emporter par notre toute-puissance clairvoyante, il faut se rappeler que nous ne sommes pas Nostradamus et que les choses sont loin d’être aussi simples.

D’abord, l’astrologie reste un langage symbolique difficile à maîtriser. Je ne connais pas encore d’astrologue infaillible. Et ce pour une bonne raison : chaque symbole couvre une étendue de contenu et comporte un envers et un endroit qui peut facilement transformer la prédiction d’un échec en lourd moment de responsabilité ou d’une victoire absolue en record personnel. Nous ne pouvons deviner dans quel domaine de vie tel symbole choisira de se manifester : un transit sur le milieu du ciel parle autant de chômage que de divorce, de gloire que de triste renommée. Et la valeur que prendra un transit ou une progression pour telle personne n’est pas la même que pour une autre. Le succès et l’échec sont aussi des notions subjectives et c’est cette subjectivité qui fait que l’astrologie tient de l’art autant que de la science.

Viennent enfin les obstacles pratiques : un coup d’œil aux thèmes des présidents français comme des candidats en lice nous a vite fait comprendre que les heures de naissance sont arrondies et que certains arcs solaires, tout au moins, ne seront pas fiables.

Pour essayer de voir à travers ce brouillard, il nous faut : 1) examiner les transits, arcs, progressions et retours solaires des candidats concernés ; 2) regarder dans le passé pour identifier les influences gagnantes pour les précédents présidents élus et 3) comparer le thème des candidats à celui de la 5^e République pour voir qui d’entre eux a le plus d’affinités avec le thème de son pays. Comme on a pu voir dans le cas d’Elizabeth II, le thème royal a des liens étroits au thème du royaume, pourquoi en serait-il autrement pour un président et « sa » république ?

Le thème communément accepté pour la France à ce jour est celui de la 5e République, calculé pour le 28 septembre 1958 à 22 :00 à Paris. Ce thème montre le Soleil à 5° de la Balance (la France est le pays des droits de l’homme…), la Lune à 15° du Bélier (les Français savent montrer leur mécontentement – ils sont fameux pour leurs grèves !), l’ascendant (AC) à 24° des Gémeaux et le milieu du ciel (MC) à 22° du Verseau (tout cet Air en rapport sans doute avec la vie intellectuelle florissante et la diversité culturelle).

On peut s’attendre à ce que les précédents présidents aient les luminaires ou les axes de leurs thèmes en aspect majeur à ces placements : conjonction, opposition, carré, trigone ou sextile. Voyons ce qu’il en est (en prenant en compte un orbe de 5°):

Soleil Lune AC MC

Charles de Gaulle 29° Scorpion 4° Bélier 22° Balance 29° Cancer

Georges Pompidou 12° Cancer 4° Scorpion 20° Lion 9° Taureau

Valéry Giscard d’Estaing 13° Verseau 7° Balance 8° Balance 11° Cancer

François Mitterrand 2° Scorpion 23° Balance 3° Balance 3° Cancer

Jacques Chirac 7° Sagittaire 27° Sagittaire 20° Verseau 11° Sagittaire

Nicolas Sarkozy 8° Verseau 8° Bélier 26° Vierge 25° Gémeaux

François Hollande 18° Lion 17° Capricorne 7° Gémeaux 6° Verseau

Nous pouvons naturellement nous méfier des degrés des AC et MC pour toutes ces personnalités (sauf François Hollande), dont les heures de naissance semblent avoir été enregistrées à la demi-heure près. N’empêche, la comparaison est plutôt convaincante.

Maintenant au tour des actuels candidats :

François Fillon 13° Poissons 9° Poissons 11° Balance 14° Cancer

Benoît Hamon 3° Cancer 24° Verseau 17° Cancer 20° Poissons

Marine Le Pen 13° Lion 2° Capricorne 15° Balance 19° Cancer

Emmanuel Macron 29° Sagittaire 14° Taureau 28° Capricorne 29° Scorpion

Jean-Luc Mélenchon 25° Lion 25° Poissons 26° Scorpion 26°Gémeaux

François Asselineau 21° Vierge 15° Taureau 6° Vierge 29° Taureau

Dupont Aignan 17° Poissons 18° Scorpion 7° Balance 9° Cancer

Il n’est pas étonnant de la part d’hommes et de femmes politiquement engagés qu’ils possèdent des thèmes en rapport étroit avec celui de la France. Trois candidats arrivent en tête de liste : Benoît Hamon, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon. On n’a pas de preuves formelles que plus d’aspects majeurs signifient plus d’impact historique sur la France, mais retenons déjà ce détail.

L’élection à une fonction publique telle que président d’une nation est un événement qui change la destinée d’un individu. Nous sommes en droit d’attendre à ce qu’un tel événement soit représenté par une activation sans précédent du milieu du ciel (MC) – puisque c’est l’image publique et le statut social de la personne qui sont premièrement en ligne de mire. Heureusement, l’heure de naissance des candidats semble avoir une précision de l’ordre des 10 min. A l’échelle des arcs solaires sur le milieu du ciel, cela se traduit par une variation de 1-2 ans. Les résultats de cette méthode resteront toujours incertains, mais nous pouvons déjà cerner d’éventuels arcs solaires impliquant le MC entre 2016 et 2018, disons dans l’intervalle de 2 ans autour de la date des élections 2017.

Dans cet intervalle, Fillon, Mélenchon et Dupont-Aignan ne reçoivent aucun arc solaire important de ou sur leur milieu du ciel. Chez Le Pen et Macron figure un arc du milieu du ciel vers un mi-point : Soleil/Lune chez Le Pen (reconnaissance publique), Jupiter/Pluton chez Macron (réussite, pouvoir). Chez Asselineau figure un arc MC/Vénus (popularité, gratification), mais exact seulement en avril 2018. Benoît Hamon est le seul à recevoir l’influence de deux arcs significatifs : Nœuds/MC (contacts de poids, relations publiques) en juin 2016 et Pluton/MC (tournant dans la carrière, le statut social atteint un sommet) exact en avril 2017 !

Les arcs solaires ne sont bien entendu pas la seule façon dont le milieu du ciel peut être activé, il y a notamment les transits et les progressions secondaires (P) à considérer. De plus, ces influences sont moins sensibles aux erreurs dans l’heure de naissance. Voyons les influences actives sur le milieu du ciel et sur l’ascendant (AC) de chaque candidat:

Fillon : Jupiter carré MC ; Lune P conjointe MC (juin 2017)

Hamon : Pluton opposé AC ; Jupiter carré AC

Le Pen : Jupiter conjoint AC ; Jupiter carré MC ; Pluton carré AC, Pluton opposé MC (2018)

Macron : Uranus carré AC (2018)

J-L. Mélenchon : Saturne carré AC, Saturne opposé MC ; Chiron opposé AC, Chiron carré MC ; Pluton P carré AC P

Asselineau : Lune P conjointe MC

Dupont-Aignan : Jupiter carré MC ; Lune P carré MC

La lune progressée secondaire ne sert souvent que d’indicateur temporel et montre les périodes les plus intenses d’activité autour d’une position donnée, sans avoir de connotation propre. Elle ne colorie en aucune façon les positions qu’elle touche. Il est normal que cet indicateur s’allume lors des élections, le moment-clé où se joue le statut social futur des candidats. Jupiter carré MC suggère plutôt l’effort (démesuré ?) à accéder à la fonction visée (Fillon, Le Pen, Dupont-Aignan).

Saturne opposé le milieu du ciel de Mélenchon marque le début d’une nouvelle phase de sa vie politique, une sorte de renaissance, l’occasion de sortir de l’ombre, mais n’est pas obligatoirement assimilable à un succès. Chiron carré MC suggère qu’il est porteur de valeurs spirituelles qu’il doit incorporer dans sa mission publique ; mais ce même transit peut être contraire à la réussite, signifiant une blessure (d’amour propre ?) liée à son statut social.

Hamon, Macron, le Pen et Mélenchon présentent aussi des transits et progressions significatives sur leur ascendant. Pluton opposé l’ascendant de Hamon décrit bien la lutte de pouvoir qui se déroule, avec ses enjeux cachés, mais Pluton (le pouvoir), au descendant, se situe du côté de ses opposants. Macron ne fait qu’entrevoir cette année le transit d’Uranus en carré à son ascendant, qui va bousculer ses associations et sa relation avec l’entourage – sans avoir beaucoup de portée sur les élections actuelles. Mélenchon subit le carré de Saturne et l’opposition de Chiron à son ascendant : de l’ascétisme et de la vulnérabilité, le courage d’avoir des partis pris très personnels, mais une attitude qui risque de ne pas lui gagner les faveurs des votants. Mélenchon est encore sous l’influence de la progression de Pluton carré à l’ascendant progressé, qui a pu lui donner l’impulsion pour cette campagne et lui assurer une nouvelle envergure.

Le thème de Marine Le Pen déploie le plus d’activité sur ses axes : Jupiter conjoint l’ascendant suggère l’enthousiasme et la popularité. Pluton carré l’ascendant, une lutte sans merci pour se faire sa place. Pluton opposé le milieu du ciel, notamment, indique la transformation radicale de sa position publique ainsi que de sa vie privée. Ce transit n’est pas sans évoquer le mythe du phénix, une renaissance de ses cendres à travers une crise, suivie d’un nouveau départ. (A noter que le thème de François Fillon a presque le même AC et MC que celui de Le Pen, à quelques degrés près – mais qui suffisent pour décaler le transit de Pluton de 1-2 années).

Il est d’usage d’employer les révolutions solaires pour juger des événements de l’année d’un individu. Les inconvénients de cette technique restent la dépendance d’une heure de naissance précise et la difficulté de savoir où la personne a passé son anniversaire. J’ai été contrainte de calculer les retours solaires des candidats pour Paris – centre de la vie politique. Je ne vais pas entrer dans les détails de l’analyse de chaque thème de révolution, sous peine d’alourdir inutilement l’exposé. Mais voici quelques observations :

Hamon : Mars opposé AC (écho de Pluton opposé AC en transit) – , activité publique déchaînée, opposants qui ont le dessus

Fillon : Saturne conjoint AC (obstacles ; peut être vu comme une prise de responsabilités)

Macron : Mars opposé AC (voir Hamon)

Mélenchon : Chiron conjoint MC ; Pluton opposé AC (un moment crucial, transformateur, mais potentiellement douloureux – n’oublions pas que Juppé à perdu les primaires sous l’influence de Chiron sur son milieu du ciel)

Le Pen : rien de particulier, mais coïncidence intéressante, son retour a le même AC et MC que le thème de la 5^e République !

Asselineau : une maison X chargée d’un stellium contenant Jupiter (reconnaissance, ampleur)

Dupont-Aignan : rien à signaler

Souvent, les retours solaires corrigés pour la précession des équinoxes montrent de manière plus directe les événements principaux de l’année, par des conjonctions aux axes. Voici les résultats des retours corrigés :

Hamon : Mercure opposé AC (Mercure en natal est conjoint AC – présentation devant le peuple)

Fillon : Lune noire à l’AC (image publique affligée ou tentative exacerbée de s’affirmer)

Macron : rien à signaler

Mélenchon : Saturne opposé AC, Lune-Neptune en maison X (combinaison plutôt défaitiste, image idéaliste et austère)

Le Pen : Pluton conjoint AC (position de pouvoir)

Asselineau : Pluton opposé MC (lutte de pouvoir, début d’un nouveau statut)

Dupont-Aignan : Pluton conjoint AC, Lune opposé AC (position de pouvoir et popularité) mais Lune noire conjointe MC (déni de statut)

On le voit, Asselineau, Dupont-Aignan et Le Pen ont le plus à gagner de leurs retours solaires respectifs.

Quelques mots au sujet d’une autre technique employée en astrologie prédictive et qui concerne les éclipses de l’année. Une brève recherche comparant les thèmes des présidents français et les éclipses précédant leur élection montre un phénomène remarquable : la quasi-totalité ont reçu une éclipse opposée, conjointe ou carré leur ascendant dans les six mois précédant l’élection. (Les exceptions comprennent les élections de Giscard d’Estaing et de Chirac.) Cette année, le seul candidat à être marqué de la sorte est François Asselineau ! (éclipse à 8° des Poissons opposée son ascendant). Par contre l’éclipse à 22 ° du Lion est tombée sur le Soleil de Jean-Luc Mélenchon, opposée la Lune de Hamon (gouvernant son ascendant) et conjointe la Vénus de Marine Le Pen (maître de son ascendant). L’éclipse à 8° des Poissons a aussi marqué le soleil natal de Fillon et le nœud Nord de Mélenchon. Difficile de tirer une conclusion basée sur les seules éclipses, qui, on l’a vu et c’était à prévoir, activent des points forts des thèmes de tous les candidats. Mais il nous faut remarquer que l’éclipse à 22° Lion de février a touché de plein fouet le fond du ciel du thème de la 5e République : un changement de fond est à prévoir dans la politique française, plutôt qu’une simple passation de pouvoir.

Si on regarde de plus près les mois d’avril-mai chez chaque candidat, on peut se faire une idée plus précise de ce que chacun sera en train de traverser.

Le Pen est sous le feu des projecteurs et jouit d’une belle popularité avec Jupiter sur l’AC en avril, suivi d’une progression AC trigone MC en mai. Vénus progressée est en sextile à Vénus natale, ce qui arrondit encore plus les angles, pendant qu’Uranus forme un trigone à Vénus ; n’oublions pas que Vénus est maîtresse de l’AC de Marine Le Pen et que tous ces aspects favorables se reflèteront dans la perception qu’auront d’elle les électeurs. Ceci est d’autant plus significatif compte tenu de la progression de Vénus opposé Saturne qui a été exacte en mars et qui a sérieusement porté atteinte à son image. Il semble qu’avril-mai vont restaurer sa cote de popularité. La lune progressée se trouve conjointe au nœud sud natal – rétribution karmique ? Liens avec un grand groupe, avec la foule ? Uranus a des rapports tendus avec Saturne (conjonction), qui le lui rend bien (carré) : on sent une grande tension précédant le dénouement.

Fillon chancèle toujours sous le coup de Neptune conjoint son Soleil et carré son Mars : un transit qui peut justifier son attitude de victime mais aussi expliquer les affaires douteuses et peu claires qui entachent son image publique et dont il a du mal à se dépêtrer. Mais il bénéficie de progressions favorables (Mercure sextile le Soleil et Lune trigone le Soleil) qui vont l’aider à récupérer en partie sa crédibilité.

Macron surfe encore sur la vague de popularité apportée par Vénus progressée trigone le nœud nord en mars et qui continue en avril avec la lune conjoint le nœud nord et trigone Vénus. Jupiter est conjoint Pluton en avril, transit pas des plus significatifs mais qui apporte sa pierre à l’édifice en favorisant ses ambitions. Le nœud nord en transit est trigone son Soleil en mai, donnant un coup de pouce à ses projets.

Mélenchon est prêt pour créer la surprise avec Uranus trigone son Soleil, conjoint la part de fortune et sextile son MC. La lune progressée s’apprête à former un trigone à Jupiter, Mercure un trigone au nœud nord et Pluton en transit un trigone à Vénus, tous d’excellent augure pour son image publique. Chiron opposé son AC et Saturne opposé son MC racontent cependant une autre histoire…

Hamon profite d’un bon mois d’avril avec la lune progressée trigone Vénus, mais la déception guette en mai avec le carré à Neptune.

Il est peut-être temps d’essayer de synthétiser ces informations disparates. Visiblement, le choix n’est pas des plus évidents et il est encore plus délicat de trancher si l’on tient compte des erreurs possibles dans l’heure de naissance des candidats. Le thème d’Emmanuel Macron, par exemple, semble curieusement dépourvu d’événements astrologiques majeurs, que nous serions en droit d’attendre du thème d’un candidat aux élections présidentielles. Les ascendants (et les milieux du ciel) de Fillon et de Le Pen ne sont séparés que de 4° ! Enfin, il faut aussi se rappeler que le premier tour des élections se tiendra en une période de rétrogradation de Mercure et les irrégularités et revirements de situation ne manqueront certainement pas à l’appel.

Néanmoins, il nous faut émettre un jugement. Or, les deux thèmes les plus sollicités pendant la période des élections sont ceux de Mélenchon et de Le Pen. Des deux, le thème de Marine Le Pen reçoit l’éclairage le plus favorable, jouissant du passage de Jupiter au-delà de la date des élections. Je me hasarderai donc à pronostiquer sa victoire, tout en précisant, si besoin est, que ce pronostic ne reflète en rien mon choix personnel.

Hades, Chronos et la reine d’Angleterre

Au hasard de mes lectures sur internet, j’ai découvert un article dans The Guardian : London bridge is down – qui traite de ce qui se passera le jour où la reine Elizabeth viendra à décéder. Impensable, n’est-ce pas ? Elle fait partie de notre paysage mental (oui, même à nous qui ne sommes pas citoyens de Grande-Bretagne) depuis si longtemps que la question de ce qui suivra après son règne semble incongrue. Pourtant, une femme qui a atteint 91 ans en ce moment au Royaume-Uni a une espérance de vie d’encore environ 4 ans. A tout hasard, j’ai regardé le thème natal d’Elizabeth II.

La première chose qui m’a sauté aux yeux a été le degré de son ascendant (AC): 21° du Capricorne, étroitement conjoint à son nœud sud à 20° du Capricorne. Pour nous autres férus d’astrologie, ce degré est plus que parlant en vue de la prochaine – et redoutée – conjonction Saturne-Pluton, qui aura lieu en janvier 2020 à 22° de ce signe. Dû aux vitesses différentes des deux astres, Pluton pèsera de tout son poids sur la conjonction nœud-AC de la reine déjà avant, à partir de 2018, mais ne sera rejoint par Saturne que deux ans plus tard. Pluton (Hades), le dieu des morts et de l’au-delà, associé à Saturne (Chronos), le dieu du temps…On peut conjecturer que l’influence restrictive de Saturne ajoutée à celle, radicalement transformatrice, de Pluton sera un fardeau trop lourd à porter pour une personne aussi âgée. Et ceci d’autant plus que le nœud sud de la lune est impliqué, comme souvent dans les cas de décès, quelle que soit l’interprétation que nous pouvons en donner : le temps est venu de payer son dû ? d’accomplir un dernier sacrifice? de couper les liens qui nous tiennent attaché ici-bas? de franchir un passage vers son destin à venir (nœud nord) ?

En astrologie, nous le savons, les influences des transits se font souvent sentir avant la date d’exactitude, lorsque le décor se met en place pour la scène principale. D’où la difficulté d’établir de manière précise la date où tel transit déclenchera tel événement. Souvent une vague de mini-événements et surtout d’impressions personnelles précède le passage exact d’une planète sur une position natale. Il s’opère notamment dans la personne un changement d’état d’esprit, un ajustement aux circonstances qui sont en train de muer, bien avant qu’un événement notable ne se produise. Dans le cas d’Elizabeth II, pouvons-nous prédire avec plus d’exactitude la date de sa passation de pouvoir ?

C’est là que les arcs solaires trouvent toute leur utilité. Leur action est de plus courte durée qu’un transit de planète lente et, utilisés conjointement avec les transits des planètes rapides, les retours et les lunaisons, ils peuvent faire la différence dans la qualité d’une prédiction. Dans les années à venir, la reine rencontrera plusieurs périodes potentiellement fragilisantes, pendant lesquelles sa santé aura très probablement à souffrir.

Toute l’année 2017 est parsemée chez elle d’arcs difficiles, à commencer par Pluton=Saturne/Milieu du ciel (MC) ce printemps (risque de pertes sévères), suivi par Saturne/Neptune en juillet (santé fragile, affaiblissement, dépression) et Soleil/Chiron (maladie, souffrance, embarras, échec). L’année finit sur Pluton /MC (tournant dans le statut officiel et l’image publique). 2018 présente un défi vers novembre-décembre, avec Neptune/Mars (risque de maladie infectieuse, fatigue) et MC/Saturne (risque de décès dans l’entourage, événement portant à conséquence). 2019 finit sur Uranus/Lune (perturbation au foyer) et Uranus=Soleil/Saturne (problème subit de santé) et débouche, début 2020, au arc cumulé de 90° : le thème dirigé a atteint la position de 90° par rapport au thème natal, du fait de l’âge de la personne, près de 94 ans. (La différence s’explique par le pas journalier du soleil légèrement inférieur à 1°).

Pour comprendre la signification de ces arcs, il faut se rappeler que nous suivons les arcs solaires en 8^e harmonique : la séquence des arcs se répète donc tous les 46-47 ans (pour une naissance au printemps). La reine aura déjà rencontré ces mêmes arcs solaires entre 1970 et 1973. Même si les transits à l’époque étaient bien évidemment autres qu’à ce jour, nous pouvons glaner des indices en nous penchant sur les événements de cette période. Or, en 1972, sous l’influence de MC/Saturne, la reine a connu deux deuils dans la famille proche, le décès de son oncle et de son cousin, et en 1973, sous l’arc cumulé de 45°, la Grande-Bretagne est entrée dans la Communauté économique européenne. Retenons cette notion de deuil suivi de changement majeur.

Les 3 retours solaires pour 2017, 2018 et 2019 (calculés pour Londres) montrent une pression qui va en grandissant. La révolution de 2017 montre un simple transit d’Uranus en carré à l’ascendant en 2017. Celle de 2018 place la maison VIII de révolution en maison I natale, avec Mars conjoint Pluton sur l’ascendant natal, pendant qu’Uranus transite sur son soleil et Jupiter est proche de son MC de révolution. Enfin, en 2019, Saturne retrouve Pluton et le nœud sud lunaire sur l’ascendant ; la lune est en Scorpion, l’ascendant de révolution se trouve en maison VIII natale, le soleil avec Uranus en maison VIII de révolution et le MC du retour est pratiquement opposé au MC natal. La conjonction Pluton-nœud sud fait en quelque sorte écho à la conjonction Pluton-nœud nord natale, configuration qui lui a valu sa grande popularité ainsi que son destin très publique, son image s’étant de fait superposée à celle du royaume britannique ces derniers 65 ans.

De fait, les deux retours solaires, de 2018 et 2019, parlent d’un possible événement tragique : soudain et inattendu en 2018, définitif et inévitable en 2019.

Le thème progressé (en progression secondaire ) d’Elizabeth II présente un aspect notable en 2017: Neptune progressé (P) oppose son milieu du ciel progressé en fin d’année. Rapproché à l’arc Pluton /MC, cet aspect évoquant une perte de repères est à lier, dans mon opinion, au Brexit qui suivra inexorablement son cours, ainsi qu’à l’ambiance de déstabilisation qui règne cette année dans ce pays divisé par le référendum de sortie de l’Union européenne et par la menace de scission avec l’Ecosse. Le thème progressé évolue ensuite vers une sorte de culmination en 2019, avec la lune P opposée à AC P en avril et Jupiter P conjoint MC P en août 2019. Les deux configurations évoquent une situation mettant en exergue sa position publique, suggérant les honneurs des masses. A noter Uranus P carré AC P en mai 2018, indicatif (en concordance avec le thème du retour solaire) d’un événement soudain et perturbateur, concernant sa santé ou son conjoint le Prince consort.

Les transits qui se succèdent sur le thème natal de la reine marquent aux aussi un crescendo : du relativement bénin Neptune conjoint Vénus (2017-2018) et honorifique Jupiter conjoint MC (octobre 2018) aux difficiles Pluton conjoint le nœud sud (2018), Uranus conjoint le Soleil (2018-2019) pour aboutir à Pluton conjoint AC (2919) et Saturne conjoint AC (décembre 2019). A noter: Mars traversera la maison VIII à l’été 2019 et se joindra aux deux transits précédents sur l’ascendant en mars 2020! Cette séquence ne peut que faire penser à la perte d’un être cher (son époux ?) en 2018, suivie fatalement par un dénouement dans la deuxième moitié de 2019 ou début 2020.

La vie d’une reine est étroitement mêlée aux destins de son royaume. La question des thèmes nationaux est un sujet épineux, tant il est difficile de choisir une heure (et parfois une date) précise pour la naissance d’un pays. Le thème couramment accepté pour le Royaume-Uni est celui daté du 1^er janvier 1801 à minuit, date à partir de laquelle l’Irlande du Nord a rejoint le royaume. (Par une curieuse coïncidence, c’est aussi la date de la découverte de Cérès !).

Ce thème montre un soleil en Capricorne et une lune en Cancer – à 19° du Cancer, en étroite opposition à l’ascendant natal d’Elizabeth II. Pluton est déjà en train de remuer les eaux profondes sur ce degré, en remettant en cause les tabous et en ressassant les peurs enfouies. La lune en astrologie politique représente le peuple, l’inconscient collectif, et justement l’âme britannique est en pleine turbulence en cette année 2017 marquée par le Brexit et par des choix identitaires inévitables. Pluton pèsera sur cette lune pendant deux longues années, au terme desquelles il est probable que le pays ait acquis un autre dirigeant et, ce n’est pas chose impossible, une autre forme de gouvernement.

Cet exercice n’a pas eu pour but de satisfaire une curiosité morbide ou de servir de chronique d’une mort annoncée; mais plutôt de montrer l’enchevêtrement des symboles astrologiques à prendre en compte avant d’échafauder des prédictions, à l’échelle de l’individu comme d’une nation. Un même événement est répercuté à travers un thème à de nombreux niveaux: à nous de déceler le jeu des symboles et à séparer le bon grain de l’ivraie.