Étiquette : transit astrologique

Hades, Chronos et la reine d’Angleterre

Hades, Chronos et la reine d’Angleterre

Au hasard de mes lectures sur internet, j’ai découvert un article dans The Guardian : London bridge is down – qui traite de ce qui se passera le jour où la reine Elizabeth viendra à décéder.  Impensable, n’est-ce pas ? Elle fait partie de notre paysage mental (oui, même à nous qui ne sommes pas citoyens de Grande-Bretagne) depuis si longtemps que la question de ce qui suivra après son règne semble incongrue. Pourtant, une femme qui a atteint 91 ans en ce moment au Royaume-Uni a une espérance de vie d’encore environ 4 ans. A tout hasard, j’ai regardé le thème natal d’Elizabeth II.

La première chose qui m’a sauté aux yeux a été le degré de son ascendant (AC): 21° du Capricorne, étroitement conjoint à son nœud sud à 20° du Capricorne. Pour nous autres férus d’astrologie, ce degré est plus que parlant en vue de la prochaine – et redoutée – conjonction Saturne-Pluton, qui aura lieu en janvier 2020 à 22° de ce signe. Dû aux vitesses différentes des deux astres,  Pluton pèsera de tout son poids sur la conjonction nœud-AC de la reine déjà avant, à partir de 2018, mais ne sera rejoint par Saturne que deux ans plus tard. Pluton (Hades), le dieu des morts et de l’au-delà, associé à Saturne (Chronos), le dieu du temps…On peut conjecturer que l’influence restrictive de Saturne ajoutée à celle, radicalement transformatrice, de Pluton sera un fardeau trop lourd à porter pour une personne aussi âgée. Et ceci d’autant plus que le nœud sud de la lune est impliqué, comme souvent dans les cas de décès, quelle que soit l’interprétation que nous pouvons en donner : le temps est venu de payer son dû ? d’accomplir un dernier sacrifice? de couper les liens qui nous tiennent attaché ici-bas? de franchir un passage vers son destin à venir (nœud nord) ?

SFPage Elizabeth IIEn astrologie, nous le savons, les influences des transits se font souvent sentir avant la date d’exactitude, lorsque le décor se met en place pour la scène principale. D’où la difficulté d’établir de manière précise la date où tel transit déclenchera tel événement. Souvent une vague de mini-événements et surtout d’impressions personnelles précède le passage exact d’une planète sur une position natale. Il s’opère notamment dans la personne un changement d’état d’esprit, un ajustement aux circonstances qui sont en train de muer, bien avant qu’un événement notable ne se produise. Dans le cas d’Elizabeth II, pouvons-nous prédire avec plus d’exactitude la date de sa passation de pouvoir ?

C’est là que les arcs solaires trouvent toute leur utilité. Leur action est de plus courte durée qu’un transit de planète lente et, utilisés conjointement avec les transits des planètes rapides, les retours et les lunaisons, ils peuvent faire la différence dans la qualité d’une prédiction. Dans les années à venir, la reine rencontrera plusieurs périodes potentiellement fragilisantes, pendant lesquelles sa santé aura très probablement à souffrir.

Toute l’année 2017 est parsemée chez elle d’arcs difficiles, à commencer par Pluton=Saturne/Milieu du ciel (MC) ce printemps (risque de pertes sévères), suivi par Saturne/Neptune en juillet (santé fragile, affaiblissement, dépression) et Soleil/Chiron (maladie, souffrance, embarras, échec). L’année finit sur Pluton /MC (tournant dans le statut officiel et l’image publique). 2018 présente un défi vers novembre-décembre, avec Neptune/Mars (risque de maladie infectieuse, fatigue) et MC/Saturne (risque de décès dans l’entourage, événement portant à conséquence). 2019 finit sur Uranus/Lune (perturbation au foyer) et Uranus=Soleil/Saturne (problème subit de santé) et débouche, début 2020, au arc cumulé de 90° : le thème dirigé a atteint la position de 90° par rapport au thème natal, du fait de l’âge de la personne, près de 94 ans. (La différence s’explique par le pas journalier du soleil légèrement inférieur à 1°).

Pour comprendre la signification de ces arcs, il faut se rappeler que nous suivons les arcs solaires en 8e harmonique : la séquence des arcs se répète donc tous les  46-47 ans (pour une naissance au printemps). La reine aura déjà rencontré ces mêmes arcs solaires entre 1970 et 1973. Même si les transits à l’époque étaient bien évidemment autres qu’à ce jour, nous pouvons glaner des indices en nous penchant sur les événements de cette période. Or, en 1972, sous l’influence de MC/Saturne, la reine a connu deux deuils dans la famille proche, le décès de son oncle et de son cousin, et en 1973, sous l’arc cumulé de 45°, la Grande-Bretagne est entrée dans la Communauté économique européenne. Retenons cette notion de deuil suivi de changement majeur.

Les 3 retours solaires pour 2017, 2018 et 2019 (calculés pour Londres) montrent une pression qui va en grandissant. La révolution de 2017 montre un simple transit d’Uranus en carré à l’ascendant en 2017. Celle de 2018 place la maison VIII de révolution en maison I natale, avec Mars conjoint Pluton sur l’ascendant natal, pendant qu’Uranus transite sur son soleil et Jupiter est proche de son MC de révolution. Enfin, en 2019, Saturne retrouve Pluton et le nœud sud lunaire sur l’ascendant ; la lune est en Scorpion, l’ascendant de révolution se trouve en maison VIII natale, le soleil avec Uranus en maison VIII de révolution et le MC du retour est pratiquement opposé au MC natal. La conjonction Pluton-nœud sud fait en quelque sorte écho à la conjonction Pluton-nœud nord natale, configuration qui lui a valu sa grande popularité ainsi que son destin très publique, son image s’étant de fait superposée à celle du royaume britannique ces derniers 65 ans.

De fait, les deux retours solaires, de 2018 et 2019, parlent d’un possible événement tragique : soudain et inattendu en 2018, définitif et inévitable en 2019.

Le thème progressé (en progression secondaire ) d’Elizabeth II présente un aspect notable en 2017: Neptune progressé (P) oppose son milieu du ciel progressé  en fin d’année. Rapproché à l’arc Pluton /MC, cet aspect évoquant une perte de repères est à lier, dans mon opinion, au Brexit qui suivra inexorablement son cours, ainsi qu’à l’ambiance de déstabilisation qui règne cette année dans ce pays divisé par le référendum de sortie de l’Union européenne et par la menace de scission avec l’Ecosse. Le thème progressé  évolue ensuite vers une sorte de culmination en 2019, avec la lune P opposée à AC P en avril et Jupiter P conjoint MC P en août 2019. Les deux configurations évoquent une situation mettant en exergue sa position publique, suggérant les honneurs des masses. A noter Uranus P carré AC P en mai 2018, indicatif (en concordance avec le thème du retour solaire) d’un événement soudain et perturbateur, concernant sa santé ou son conjoint le Prince consort.

Les transits qui se succèdent  sur le thème natal de la reine marquent aux aussi un crescendo : du relativement bénin Neptune conjoint Vénus (2017-2018) et honorifique Jupiter conjoint MC (octobre 2018) aux difficiles Pluton conjoint le nœud sud (2018), Uranus conjoint le Soleil (2018-2019) pour aboutir à Pluton conjoint AC (2919) et Saturne conjoint AC (décembre 2019). A noter: Mars traversera la maison VIII à l’été 2019 et se joindra aux deux transits précédents sur l’ascendant en mars 2020! Cette séquence ne peut que faire penser à la perte d’un être cher (son époux ?) en 2018, suivie fatalement par un dénouement dans la deuxième moitié de 2019 ou début 2020.

La vie d’une reine est étroitement mêlée aux destins de son royaume. La question des thèmes nationaux est un sujet épineux, tant il est difficile de choisir une heure (et parfois une date) précise pour la naissance d’un pays. Le thème couramment accepté pour le Royaume-Uni est celui daté du 1er janvier 1801 à minuit, date à partir de laquelle l’Irlande du Nord a rejoint le royaume. (Par une curieuse coïncidence, c’est aussi la date de la découverte de Cérès !).

SFPage UK

Ce thème montre un soleil en Capricorne et une lune en Cancer – à 19° du Cancer, en étroite opposition à l’ascendant natal d’Elizabeth II. Pluton est déjà en train de remuer les eaux profondes sur ce degré, en remettant en cause les tabous et en ressassant les peurs enfouies. La lune en astrologie politique représente le peuple, l’inconscient collectif, et justement l’âme britannique est en pleine turbulence en cette année 2017 marquée par le Brexit et par des choix identitaires inévitables. Pluton pèsera sur cette lune pendant deux longues années, au terme desquelles il est probable que le pays ait acquis un autre dirigeant et, ce n’est pas chose impossible, une autre forme de gouvernement.

Cet exercice n’a pas eu pour but de satisfaire une curiosité morbide ou de servir de chronique d’une mort annoncée; mais plutôt de montrer l’enchevêtrement des symboles astrologiques à prendre en compte avant d’échafauder des prédictions, à l’échelle de l’individu comme d’une nation. Un même événement est répercuté à travers un thème à de nombreux niveaux: à nous de déceler le jeu des symboles et à séparer le bon grain de l’ivraie.

 

 

Les paris sont ouverts

john-birch-society-american-flag-hero-eLes élections américaines approchent. Le monde entier a suivi de près ou de loin les bouffonneries républicaines et les chamailleries démocrates. La grande question reste : qui va gagner ? Plusieurs astrologues se sont essayés à prédire l’issue de la course et la majorité écrasante (à juger d’après les articles que j’ai personnellement lus, l’unanimité) se range derrière Hillary Clinton comme probable prochain président. Ceci sur la base des transits au thème des Etats-Unis, des transits du jour des élections ou des manipulations de parts arabes.

 

C’est peut-être mon esprit de contradiction qui m’a poussée à venir mettre mon grain de sel, mais c’est en toute objectivité que j’ai entrepris de voir ce que les bonnes vieilles méthodes prédictives – transits, progressions, directions, éclipses – ont à dire à ce sujet. J’ai considéré les données de naissance de chaque candidat telles qu’elles apparaissent dans Astrodatabank : Donald Trump, né le 14 juin 1946 à 10 :54 à New York (NY) ; Hillary Clinton, née le 26 octobre 1947 à 8 :02 à Chicago (IL).

 

Première étape de l’investigation : les transits.

 

Parmi les planètes lourdes, celles qui peuvent changer la trajectoire d’un destin, seul Uranus se manifeste dans le thème de Trump, avec des influx positifs, dans le sens du poil : sextile au Soleil, trigone la Lune – ce qui suggère que les bouleversements ne le déstabiliseront pas, tout au plus mettront du piment dans son quotidien. Plus tendu est le carré qu’Uranus fait à Saturne, laissant entendre que bouleversements il y aura. Jupiter, le grand bénéfique, commence discrètement mais finit par faire son grand retour (au sens propre, sur la position natale) en décembre – période faste, où de nouveaux projets peuvent prendre forme. Il en profite pour envoyer un trigone aux Nœuds lunaires, signe d’une popularité au beau fixe.

Saturne par contre est là pour le faire descendre sur terre : le choc des réalités risque d’être sévère avec Saturne opposé à son Soleil natal dès janvier 2017. Comme Trump est né lors d’une éclipse de lune, Saturne se trouvera aussi conjoint sa Lune natale dès décembre 2016 : une nouvelle discipline sera exigée, dans une position bien solitaire, certainement  inhabituelle pour ce Gémeaux-Lion.

 

Clinton, de son côté, ne subit que peu de transits significatifs. Pluton en sextile avec sa Vénus natale augmente quelque peu son pouvoir d’attraction. Uranus ne touche que Saturne par trigone, montrant un bel équilibre entre position d’avant-garde et attitude conservatrice. Saturne présente des aspects harmonieux avec Pluton et Saturne natal, suggérant de l’endurance et une bonne maîtrise des ressources. A partir du début 2017, Saturne affectera aussi sa Lune par un carré, placement difficile qui indique des privations et des besoins non-satisfaits. Jupiter, qui permet souvent de contrebalancer les effets restrictifs de Saturne, n’apporte ici que peu de secours, sous la forme d’un sextile à Saturne : une harmonie des buts et des ressources.

 

Chose remarquable, les deux candidats sont touchés par des transits de Chiron : Trump par un carré à son Soleil et Lune, Clinton par une conjonction à sa Lune natale. Ceci laisse songeur quant à l’état de santé des deux candidats ! Chiron a la fâcheuse habitude d’exposer sa « victime » à des situations embarrassantes, à montrer au grand jour ce que la personne a à cacher. Souvent, la vulnérabilité signalée par Chiron se traduit par une maladie pure et simple. Avec des transits  d’une telle envergure (aux luminaires) il y a fort à parier que, l’un après l’autre, les deux rivaux y laisseront quelques plumes. Trump s’est déjà abondamment ridiculisé pendant la campagne. Clinton vient d’avoir une défaillance en public qui a affolé internet et mis en route bien des rumeurs. Gageons que les faiblesses respectives des deux candidats feront les gros titres pendant encore quelques mois.

 

Les transits ne nous dévoilent cependant qu’une partie de l’histoire. Les progressions secondaires et les arcs solaires permettent de compléter le puzzle. Notamment, la lune progressée, telle la petite aiguille d’une montre, affine les prévisions en ciblant les mois-clé. Pour Trump, la lune progressée secondaire s’anime en décembre et éclaire, en cette fin d’année, Jupiter (par un carré – extravagance ? attitude outrancière ? rien ne nous choquerait plus de sa part), son Milieu du Ciel (par un sextile, donnant un coup de pouce certes mineur mais non-négligeable vers la réussite) mais surtout Saturne, marquant la solennité de cette période et l’engagement dans la durée, peut-être la prise de lourdes responsabilités.

 

La lune progressée de Hillary Clinton s’unit à son Neptune progressée en octobre pour la déstabiliser dans sa santé et la soumettre au flou orchestré des rumeurs (Neptune, maître du brouillard…). Un coup de fatigue ne serait que trop compréhensible dans cette configuration. N’oublions pas que la fenêtre d’action de cette progression commence bien un ou deux mois avant la date d’exactitude. Son Soleil et Mercure progressés se trouvent conjoints également en octobre, suggérant non seulement les mois chargés en communications officielles qui précèdent, mais aussi la culmination de pourparlers, le parachèvement d’un accord. Novembre la trouve plus combative et décembre lui offre un petit coup de chance, alors là même que sa popularité a à souffrir (Vénus progressée carré Chiron) et sa vulnérabilité physique est assumée (Soleil progressé sextile Chiron).

 

Les dernières touches au tableau sont apportées par les arcs solaires. Chez Clinton, pour autant que l’heure de naissance soit correcte, un tournant de sa carrière (et donc de la campagne) semble se jouer actuellement, en septembre. Elle était soutenue jusqu’à présent, mais un écueil de santé (Chiron=Lune/Saturne) surgit, qui la met encore plus sous le feu de la rampe (MC/point vernal). Sa situation et celle de son équipe sont bousculées (Pluton=Uranus/Nœuds), ce qui lui vaut un pessimisme croissant et même un risque de dépression (Mercure=Saturne/Neptune) en octobre. Les arcs pour novembre-décembre sont plutôt positifs, montrant un regain d’entrain et de pouvoir de séduction du public : elle jouera le tout pour le tout, advienne que pourra. Par contre, la suite voit resurgir la combinaison Saturne=Mercure/Neptune, du défaitisme et un moral en berne, lié notamment à son image et à l’accueil que lui fera le peuple (AC/Soleil). Les arcs au printemps 2017 sont plutôt mous et marqués par Chiron (points faibles à vif) et Neptune (confusion).

 

Trump, lui, mène sa campagne tambour battant jusqu’à novembre (Nœuds=Mercure/Jupiter) et la fin de l’année le trouve plus combatif que jamais, même au prix de quelques tricheries et mensonges (Mercure=Mars/Neptune) ; il peut se fier au soutien de son équipe (Nœuds=Mars/AC) mais il assume avec aplomb le leadership (Soleil=Pluton/Nœuds). Sa popularité est au beau fixe (Jupiter=Venus/MC) et son impulsivité à son comble (Uranus=Mars/MC). Il faut surtout préciser que la fin 2016 se situe pour lui entre deux arcs majeurs synonymes de succès à grande échelle : Pluton/Jupiter en décembre, suivi de Jupiter/Pluton en février. Bien entendu, ces deux arcs agissent déjà jusqu’à deux mois avant la date de leur aspect exact. Une combinaison lourde, MC=Saturne/Pluton, exacte en avril, peut suggérer autant une perte fatale pour sa carrière, une période de grande difficulté, qu’un tournant radical qui fait table rase du passé.

 

L’heure est venue de dresser le bilan : et c’est le cœur serré que j’avoue miser sur… Trump. La présence du double arc Pluton-Jupiter dans la fenêtre de temps qui chevauche l’élection et l’investiture rend superflue toute autre analyse… j’en ai bien peur.  Je ne vois pas comment ce double signe de victoire, qui marquerait chez n’importe qui l’apogée de sa carrière, pourrait se traduire par un échec dans ce cas particulier. Souhaitons que je me trompe cette fois-ci !

 

P.S : Saviez-vous que l’ascendant natal de Trump est éclairé par Regulus, l’étoile royale des anciens ? En voilà un présage d’un destin, sinon glorieux, du moins remarquable et remarqué.

 

 

Neptune en domicile: comme un poisson dans l’eau

merL’astrologie n’est pas une science abstraite.

 

Ses objets sont si éloignés, si démesurés, si insaisissables par l’esprit qu’il est difficile d’imaginer qu’ils aient un rapport avec notre si prosaïque vie terrestre. Ici bas, les macro- et micro-événements se succèdent à toute allure dans un chaos brownien régi par le seul hasard.

 

Ou peut-être pas.

 

Les passages des planètes trans-saturniennes à travers les signes du zodiaque durent plusieurs années ; si l’astrologie a un fondement de vérité, ces mouvements devraient peindre la toile de fond des préoccupations de notre société. Et une planète n’est nulle part plus à l’aise que dans le signe de son domicile, le signe qu’elle gouverne. Là elle peut donner la vraie mesure de ses pouvoirs, montrer la vraie étendue de son influence.

 

Depuis février 2012 et jusqu’à 2025, Neptune se situera dans le signe des Poissons, dont il est le maître moderne (cet honneur revenait traditionnellement à Jupiter). Neptune, équivalent romain de Poséidon, dieu des océans chez les Grecs, a des affinités – mythologiques autant qu’astrologiques – avec l’eau (non seulement liquide, mais aussi brouillard, vapeur), les liquides en général. L’astrologie, depuis Zipporah Dobyns, embrasse la notion d’un alphabet astrologique où une planète, le signe qu’elle gouverne et la maison correspondante véhiculent les mêmes significations. Dans cette logique, Neptune représente également la spiritualité, le sacrifice, la confusion, l’illusion et la désillusion, le sommeil, les paradis artificiels et – avec la maison XII – aussi la maladie (épidémie) et le monde médical.

 

Voyons si nous pouvons suivre Neptune à l’œuvre durant sa précédente traversée des Poissons, entre 1849 et 1862. Ce passage avait lieu peu après la découverte de la planète elle-même, signe que le monde était prêt pour incorporer toutes choses neptuniennes dans sa conscience collective. En voici une liste non-exhaustive :

 

– le chloroforme vient d’être utilisé comme anesthésiant

– les Mormons menés par Brigham Young viennent de s’établir dans l’Utah

– les antiseptiques commencent à être utilisés dans les hôpitaux grâce à Joseph Lister

– le premier puits de pétrole est foré

– David Livingstone découvre les chutes Victoria sur le Zambèze

– Herman Melville écrit Moby Dick

– Pasteur réfute la notion de génération spontanée des microorganismes ; ses études sur la fermentation permettent d’expliquer les maladies contagieuses

– les compagnies navales transatlantiques prennent leur essor

– le commerce de l’opium en Chine est légalisé

– John Snow découvre dans l’eau le microbe responsable de l’épidémie de choléra

– Bernadette Soubirous a une vision de la Vierge, Lourdes devient un site de pèlerinage où les guérisons miraculeuses s’enchaînent

– c’est le début du mouvement spirite et le grand âge de la médiumnité

 

Mais l’actuel passage de Neptune en Poissons pourra-t-il produire une liste tout aussi parlante ? Les temps ont bien changé, mais nous en avons déjà une idée, puisque :

 

– nous prenons conscience de l’urgence à protéger les océans de la surpêche et de la pollution

– l’eau potable devient un enjeu majeur et sa pollution par le fracking devient source de conflit ouvert

– la légalisation du cannabis devient sujet de débat

– les médecines alternatives, la voyance et les thérapies énergétiques ont le vent en poupe

– la crainte d’épidémies telles qu’Ebola ou Zika est dans tous les esprits

– la méfiance envers les vaccins est de plus en plus répandue

– la science découvre les pouvoirs insoupçonnés de notre flore intestinale (Neptune comme maître des micro-organismes?)

 

Comme on peut le constater, certains de ces points portent une ressemblance inouïe aux événements des années 1850 (cannabis vs opium, Ebola vs choléra, même la ressurection du spiritisme à laquelle on assiste avec des émissions comme Chasseurs de fantômes). Et comme Neptune est aussi le dieu de la désillusion, certaines histoires contemporaines d’apprentis sorciers finissent mal. Un exemple est la grandeur et la décadence de Theranos, compagnie biopharmaceutique qui clamait effectuer des centaines de tests biochimiques à partir d’une seule goutte de sang : ancien chouchou de la Silicon Valley, désormais convaincue de fraude. Ou le début en fanfare du Human Brain Project, qui a réuni 1 milliard d’euros de financement européen avant de susciter les doutes généralisés de la communauté scientifique.

 

Dans 9 ans sans doute aura-t-on une meilleure vision d’ensemble de ce que ce transit de Neptune veut nous faire comprendre. Si tant est qu’il est possible de jamais comprendre Neptune…

 

Pluton et les transits de la Lune

global-mosaic-of-pluto-in-true-colorPluto, vu par New Horizons le 13 juillet. (NASA-JHUAPL-SWRI)

Un bon exercice pour découvrir soi-même de quoi chaque planète « parle » est de suivre les transits de la Lune. Le plus rapide des astres dans notre arsenal astrologique, la Lune se déplace à peu près de 13° chaque jour dans le zodiaque et en fait le tour complet en à peu près 27 jours et demi. Ce faisant, elle active chaque semaine les positions natales de toutes les planètes à tour de rôle. Dans l’ordre où elles se trouvent dans le thème de naissance, chaque planète jouera de ses atouts, étalera ses capacités. En y prêtant un peu d’attention, il est facile de ressentir :

 

– l’animation mentale de Mercure

– la douceur de vivre de Venus

– l’appel à l’action de Mars

– la stimulation expansive de Jupiter

– les contraintes de Saturne

– la perturbation soudaine d’Uranus

– la léthargie rêveuse de Neptune

– quant à Pluton…

 

Justement, Pluton est souvent un sujet tabou. Son nom (Dieu du royaume de l’au-delà) n’évoque déjà rien de bien rassurant. Il est souvent présenté comme la fatalité qui frappe et qui transforme, détruisant pour régénérer, faisant table rase pour qu’un nouvel état de choses puisse s’installer. Un épisode de la semaine dernière m’a éclairée à l’improviste sur le sujet. En route vers la déchetterie pour la corvée récurrente du tri des déchets, j’ai aperçu sur la route un beau palmipède, noir, grand, svelte, visiblement égaré. Derrière lui, un employé communal me faisait signe de passer mon chemin. A ma sortie, le même employé communal revenait tenant d’une main un fusil et de l’autre le canard mort. Il m’a expliqué qu’il était blessé et que de toute façon c’était un nuisible. Un peu plus loin, en conduisant, j’ai eu envie de pleurer. (Je sais, je suis une incurable sentimentale). Un être beau et vivant venait de trépasser et j’avais été totalement impuissante à empêcher que cela arrive.

Cette petite histoire, dont le décor (la déchetterie), les protagonistes (un animal noir et un chasseur), le vécu (l’impuissance) et le dénouement (fatal) résument bien Pluton, a eu lieu pendant que la Lune transitait mon Pluton natal. L’ascendant du moment était conjoint Pluton et non moins de 4 planètes se bousculaient dans la maison VIII – maison gouvernée par Pluton. CQFD.

En y réfléchissant, j’y vois une mise en garde ; l’optimisme béat des horoscopes qu’on voit de nos jours exige qu’il y ait un happy end : les coups durs sont automatiquement suivis d’une récompense, l’anéantissement par une renaissance. Mais mon histoire ne finissait pas bien. Le canard était bien mort, les déchets voués à la fournaise, mais elle était où la régénération promise ?

La leçon à mes yeux est d’assumer qu’on ne vit pas dans le monde des Bisounours. Non, la vie ne suit pas les codes de Hollywood, il y a bien des points de non-retour et oui, parfois on n’y peut rien, on fait avec. C’est pour moi un des messages de Pluton.

 

P.S. Ce matin, la Lune formait un transit, heureusement mineur, sur ce même Pluton ; lors de la promenade matinale du chien, j’ai failli marcher sur le cadavre ensanglanté d’un lapin, tapi dans l’herbe. Si vous vous demandez pourquoi mes anecdotes plutoniennes tournent autour du monde animal, voilà : Pluton gouverne ma maison VI des petits animaux. Mais je préfère de loin employer ce Pluton natal dans le rôle assigné, là où il se trouve, dans ma maison IV en Vierge : éliminer le périmé, les déchets, nettoyer de fond en comble pour purifier (Vierge). Si seulement j’y mettais plus de diligence, peut-être serais-je moins souvent confrontée aux traces irréversibles d’un Pluton assassin.